Il y a 11 ans, nous avions rencontré Joséphine au sein d’une école spécialisée pour les enfants dits « haut potentiel ». Certains demandent parfois ce qu'est devenue la petite fille qui parlait aux plantes. La voici, à 20 ans, toujours singulièrement habitée par le monde… et même davantage qu'avant.
Joséphine avait 8 ans lorsque nous l'avions rencontrée pour la première fois. C'était une petite fille qui communiquait avec les plantes et déplorait le manque d'imagination des adultes. Onze ans plus tard, à presque 20 ans, Joséphine est une jeune femme éprise de philosophie et de théâtre, qui regarde avec tendresse la petite fille qu'elle a été. Cette dernière n'est pas si loin car Joséphine continue de parler avec les arbres et à ressentir, très fort, les bruits du monde.
C'est beau, avec les arbres, de juste ne rien dire. On a l'impression de faire partie d'eux. J'aime le calme du silence lorsque je m'assois près d'un arbre, que je communique avec lui, sans mots.
J'entends tous les bruits : le vent, le bruit des pas sur le feuilles, jusqu'à percevoir les sons dans le plus petit des immeubles, au loin : l'horloge qui sonne, la théière qui bout. J'entends tout ça : tous ces sons sont en moi, ils font partie de moi.
Joséphine continue de réfléchir beaucoup, et à tout.
Etre "haut potentiel", c'est juste une manière différente de penser. On pense en arborescence. C'est comme un arbre : on a un tronc qui nous mène à mille branches. C'est comme si je n'avais pas de cadre dans mes pensées, je peux aller où je veux.
Sa rencontre avec Hamlet de Shakespeare a beaucoup marqué la jeune femme, traversée par des questions autour de son identité.
C'est un personnage qui se pose des questions sur l'identité : qu'est ce qu'être, qu'est ce qu'exister ? C'est un personnage qui fait des choix, qui assume son identité. Plus je le lis, plus je deviens quelqu'un.
Joséphine parvient de plus en plus à saisir les contours de ce "quelqu'un" qu'elle devient, années après années.
Je suis un chat devant une fenêtre qui regarde le monde. Je suis une femme, plus une petite fille, une femme rêveuse. J'entends les gens dire que je suis lumineuse, et j'espère que je le suis : je trouve que c'est le plus beau mot du monde.
Reportage : Elise Andrieu
Réalisation : Yaël Mandelbaum
Musique de fin : Rhapsody in blue - arrangement pour clarinette et piano de Serge Dangain et Bernard Lerouge - Album : Clarinet on the town.