Surréalisme, féminisme, érotisme... Nelly Kaplan, réalisatrice de "La Fiancée du pirate", est morte
Il y eut bien plus dans la vie de Nelly Kaplan que cette "Fiancée du pirate" où brillait Bernadette Lafont en 1969 ! D'autres censures, d'autres engagements, et plusieurs livres ou films à redécouvrir, alors qu'elle vient de mourir à 89 ans.
Elle avait contracté le Covid-19 dans une maison de repos, à Genève. La cinéaste Nelly Kaplan est morte ce matin. Elle avait 89 ans.
Quand on pense à Nelly Kaplan, on a tout de suite en tête La Fiancée du pirate… C'était son premier film de fiction et il a fait sensation. Et même scandale, à tel point que Nelly Kaplan a souvent été réduite à ce film. Il faut dire que c’était une vraie flibustière, cette Argentine fantasque et haute en couleur, "née rebelle comme d’autres naissent coiffées", comme elle l’avait écrit.
Arrivée en France à 21 ans en 1952, devenue presque immédiatement l’assistante du grand cinéaste Abel Gance, dont elle défendra la mémoire toute sa vie, et proche du mouvement surréaliste, elle était l’intime d’André Breton et de Philippe Soupault, elle, dont la lecture à 14 ans des Champs magnétiques avait bouleversé la vie. Après des films d’art, dont A la source qui lui vaudra déjà une bataille avec la censure parce qu’on y voyait les dessins érotiques d’André Masson, c’est donc avec cette Fiancée du pirate, sa Bernadette Lafont en majesté et toute en gouaille et sa chanson de Barbara, "Moi, je m’balance", ce brûlot féministe et règlement de comptes contre "l’espèce testiculaire", comme disait Kaplan, "l’histoire d’une sorcière des temps modernes qui brûle les inquisiteurs au lieu de se faire brûler", que la cinéaste va éclater en 1969. Ça lui vaudra une interdiction aux moins de 18 ans, pour "apologie du vice", et un immense succès commercial, merci les censeurs !
Mais Nelly Kaplan, ce n’était pas que "La Fiancée du pirate"
Même si le reste de la filmographie de Nelly Kaplan est moins connue, elle est à redécouvrir. Ses films ont été réédités il y a deux ans en version restaurée, dont le très loufoque Papa, les petits bateaux…, du Tex Avery en chair et en os, satire du film noir, du film social, et même du film érotique. Erotique toujours, Néa, d’après Emmanuelle Arsan, qui fera cette fois scandale à Genève en 1976 pour une scène d’éducation sexuelle tournée au collège Calvin.
Et puis c’était aussi une romancière de talent, dont la voix était bien connue des auditeurs de France Culture, puisqu’elle était un pilier de l’émission de Bertrand Jérôme et Françoise Treussard, "Des Papous dans la tête" !
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