De Funès et Bourvil essaient de raconter "Le Corniaud" (et font des blagues)
Archive | En 1965, de Funès et Bourvil essaient de raconter l'histoire de la comédie culte qui vient de sortir : "Le Corniaud". Bourvil en profite pour livrer ses propres déboires automobiles. Mais ce qui en fait rire certains en laisse d'autres de marbre...
"- Je ne comprends rien à cette histoire...
- Même dans le film tu n’as rien compris."
C'est l'histoire de Bourvil et de Funès qui essaient de raconter le film qui vient de sortir : Le Corniaud. Déjà en 1965, c'est une comédie culte. Gérard Oury, le réalisateur, est interviewé avec eux, mais c'est évidemment sur les deux stars que l'attention se focalise, lors d'une séance de promotion très détendue, pendant laquelle raconter l'histoire du film donne lieu à des digressions plus incongrues et absurdes les unes que les autres.
Quand raconter un film devient une blague
De Funès : "Rappelle-toi le scénario, tu l’as lu voyons. C’est terrible il n’a pas de tête."
Bourvil : "Tu t’amènes avec ta grosse bagnole, sa Rolls. La Rolls, une Rolls silver Phantom. Ça y est, il est remonté, ça y est. Lui ne peut pas partir en vacances. Ses vacances sont fichues, il rentre chez lui."
De Funès : "Et moi une idée me vient, je lui téléphone et je lui dis : 'Mon cher, venez dans mon bureau demain, j’ai quelque chose à vous dire'. Et je lui offre des vacances. Je lui dis : 'J’ai des amis qui sont, je ne sais pas, en Italie et ils ont été rappelés en Amérique d’urgence.' Leur papa est mort ou une pauvre vieille maman. Qui est morte. Et alors ils sont obligés de reprendre l’avion et de repartir. Et la voiture reste à Naples. Et de Naples il faut qu’elle aille jusqu’à Bordeaux pour transiter et de là aller jusqu’en Amérique, oui jusqu’à Miami."
Bourvil : "Je comprends rien à cette histoire, enfin continue."
De Funès : "Même dans le film tu n’as rien compris."
Bourvil : "Non, non, c’est pour ça que je suis terrible."
De Funès : "Et alors cette voiture là, moi je dois aller la prendre à Naples et la ramener à Bordeaux. Et alors je lui dis : 'Voulez-vous le faire ?' Alors il me dit : 'Alors c’est formidable'. Je lui dis c’est une Cadillac fabuleuse avec tourne disque, téléphone et tout ce que vous voulez. Et Frigidaire, c’est vrai. Et en plus je vous donne 500 000 lires pour vos frais de voyage est vous êtes tout payé. Il me dit : 'C’est formidable'. Et alors il part, on est content, on se serre la main. Et il s’en va à Naples. Et entre-temps, tout de suite après, nous apprenons immédiatement que cette voiture est bourrée de drogue. Les pare-chocs sont en or. Il y a un énorme diamant. Il faut pour passer la douane un corniaud pour balader ça. Voilà l’histoire.
De l'art de la digression selon Bourvil
Bourvil : "Avant j’avais une voiture qu’était pas nouvelle. C’était ma première alors je l’avais achetée à crédit. Et puis c’était une voiture très ancienne qui démarrait à la… manivelle. A la manivelle. Alors elle marchait très lentement, très lentement. Je marchais comme ça avec ma petite bagnole. Et puis il y a un cycliste qui me dépasse. Il m’a dépassé tellement vite que j’ai cru que j’étais arrêté. Alors moi je suis descendu pour mettre en route. Et puis ma voiture elle m’a écrasé. Ben je me suis pas fâché. C’est pour vous dire que je me fâche pas.
De Funès : "Moi j’ai jamais eu d’accident."
Bourvil : "Non ? Jamais. Oh tu blagues."
De Funès : "Jamais."
Bourvil : "Alors tu te fâches pas ?"
De Funès : "Non parce que je suis faible. Si j’étais fort je voudrais avoir ma méchanceté et la taille d’un gars de deux mètres."
Bourvil : "Ah bon ? Alors là ça ferait des dégâts."
De Funès : "Mais je ne peux pas je suis obligé de sourire."
Bourvil : "J’ai une histoire, un ami musicien. Alors la grosse plaisanterie, quand il voyait une 2 CV, avec leur voiture américaine, il passait devant, il ralentissait, mais il ralentissait presque au pas. Alors l’autre avec sa 2 CV : 'Alors quoi, avance quoi !' Et puis ça durait, ça durait. Un des musiciens se mettait à la lunette arrière, il enlevait son pantalon, il le collait à la lunette arrière. Et le bon père de famille avec ses enfants, il avait ce spectacle pendant trois kilomètres."
De Funès : "Voilà une chose qui ne me fait pas rire. Ça ne me fait pas rire du tout."
Bourvil : "Et alors, ben le bon père de famille avec ses enfants qu’il avait bien élevés, devant ce spectacle, il n’y pouvait rien (rires)."